Deux ouvrages récents à consulter.
Le premier, réalisé par l'Association Départementale de Sauvegarde du Patrimoine des Pays du Buëch et des Baronnies, porte sur les principaux édifices du village. Le second, édité par Castrum de Upaysio, nous emmène au cœur de Notre-Dame de Bellevue.
par Yves CHEVALLIER
L’existant :
UPAIX, un village haut perché (758 m d’altitude) dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Quelques jalons historiques : relais de poste sur la VIA DOMITIA – OPAGA en 739 – UPSAL en 1241 – CASTRUM DE UPAYSIO EN 1262 – chef-lieu de baillage delphinal au 13ème siècle – recalé comme chef-lieu de canton en 1790 ; une population qui passe de plus de 2000 habitants du temps de sa grandeur à 2 familles en 1960. Une chapelle en ruine vendue dans le cadre de l’opération « Chefs d’œuvres en Péril » pour 14 000 Francs à cette date et quelques murs de gypse rose pour seul vestige.
Premier sursaut :
Au cours des années 70, un maire dynamique, Lucien ROCHE, lance une reconstruction du village en gardant une authenticité provençale avec rachat des ruines existantes, nouvelles distributions cadastrales. Projet ambitieux, confié à un cabinet d’architectes compétent avec cubage des constructions, création d’andrônes, enfouissement des lignes électriques et télécommunications, etc…
Ce projet mettra quelque 30 années pour être finalisé. Certes tout n’a pas été parfait, le projet initial fut souvent édulcoré…
Nouvelle dynamique :
En 1989, une nouvelle équipe dynamique élue au Conseil Municipal entreprend une accélération de la restauration du village. Les dernières résistances s’estompent et, lorsqu’un promoteur allemand propose de racheter les derniers lots existants, on n’entend plus parler « de coup de bulldozer dans ces vieilles ruines ! Mais de pouvoir remonter à UPAIX la tête haute ! ».
Toute l'équipe municipale aura pour objectif de terminer la restauration des bâtiments principaux : la Tour, l'Église, le Porche du Château, la Chapelle des Pénitents, le Pigeonnier, la Fontaine Chat'o Russe... pour l'an 2000.
Parallèlement, la commune adhère à « l’Ecomusée des Pays du Buëch » avec comme thème pour le village « le bâti en Buëch » (UPAIX étant comme LAZER bâti sur un diapir de gypse).
Quelques épisodes jalonnant la restauration du village :
La Tour : La rumeur publique faisant état d’un passage souterrain échappatoire, le Conseil Municipal sous le contrôle de la DRAC, entreprend un creusement intérieur afin de dégager la terre qui remplit la tour et ne trouve rien. Cette opération permet cependant de mettre à jour tout le parement intérieur en cargneule que la terre avait protégé des vols.
L’action se limitera à la création d’une table d’orientation et d’un escalier intérieur en colimaçon.
L'église paroissiale Notre-Dame de Bellevue : Le chaînage du bâtiment et la réfection de la toiture avaient été faits en 1982, mais les peintures extérieures dataient du milieu du XIX° siècle. Les relevés effectués par les services compétents ont permis de retrouver 7 couches de badigeons. Les experts des Bâtiments de France optèrent pour un décor XVIII° assez théâtral qui fait regretter à quelques Anciens les magnifiques pampres de vigne peints sur le décrochement de la nef.
Le pavement, mélange de plaques de schiste et de terres cuites anciennes, failli disparaître (remplacement prévu par un carrelage neuf) Il ne fut sauvé que par l’intervention fortuite d’un inspecteur de la DRAC.
Le clocher, victime de la foudre dans les années 60, avait été restauré en béton armé. L’humidité ayant pénétré la structure, il était urgent de le refaire en pierre comme à l’origine. A noter que l’opération fut entièrement financée dans le cadre du 1% Autoroutier.
La Chapelle : Promise à la destruction par une délibération du Conseil Municipal en 1920, seuls subsistaient le porche d’entrée daté de 1638 ainsi que les murs arasés. Un arbre s’épanouissait dans l’angle du chœur.
L’opération « Chefs d’œuvre en Péril » (précédemment évoquée) n’ayant pas été suivie d’effet par les acquéreurs, la commune racheta la ruine pour en faire un lieu de manifestations culturelles.
Lors des travaux de déblaiement, le petit tractopelle, utilisé pour sortir toute la terre qui occupait la ruine, mit à jour une crypte avec quelques squelettes : les fouilles effectuées par la DRAC ne permirent pas de dater ces reliques, la Chapelle des Pénitents ayant cessé toute activité à la fin du XIXème.
A noter, que la participation d’UPAIX à « l’Ecomusée des Pays du Buëch » impliquait la mise en place d’un bâtiment à caractère culturel. La Chapelle fut restaurée et financée dans cette optique.
Le Château (classé et privé) : Fort connu pour ses gypseries (rampant et escalier), il est en cours de restauration. Il permet à l’Association CASTRUM DE UPAYSIO d’y organiser des manifestations culturelles.
Le Pigeonnier : Un moment promis à la destruction, il fut racheté par la commune. Il fut restauré (bâtiment, boulins, grille d’envol) en gypse à l’ancienne. Son inauguration (en 2001), dans le cadre de la valorisation du gypse et du plâtre dans les Alpes du Sud, marqua le lancement des symposiums de sculpture sur gypse de Riez puis Laragne.
La Fontaine Chat’O Russe : La remise en état de la Fontaine a consisté en divers travaux conviviaux et ce pendant de nombreux samedis matins.
Il faut reconnaître que son appellation était déjà tout un programme !